Écrire chaque jour dans mon carnet de bord est indispensable si je ne veux pas m’embrouiller dans les lieux, les dates, les impressions. Le relisant, je prends conscience de tout ce qui a été si vitement oublié.
Direction Lyon où j’ai passé quelques jours chez mes filles, puis à la Croix-Rousse, le fourgon posé le long du parc Chazière. Singulière expérience que de dormir en mode nomade dans une ville où l’on a toujours eu un habitat fixe même quand c’était sur le Rhône avec la péniche. Squatteuse de l’espace public. J’ai vécu la ville presque en catimini. Puis j’ai embarqué le petit garçon pour trois jours. Il apprécie cette maison de poupée roulante et comme il sait traîner dans les livres, la cohabitation a été facile même si la fraicheur nous contraignait au repli dans le fourgon dès 18h. On a beaucoup parlé oiseaux après une longue exploration du parc de Villard-les-Dombes.
Halte chez Laurent Peyronnet, ami des réseaux sociaux. Se voir enfin, en vrai, le temps d’un repas, d’une discussion où il aura été question de littérature (il écrit pour la jeunesse) puis il m’ a aidé à penser un voyage en Norvège (il est guide ) – oui mais quand ? Beaucoup de travail pour la période 2023/24. Au printemps 2025, ce serait pas mal. L’inscrire sur l’agenda ?
Il y aura eu aussi la remise du Prix des lycéens Ile-de-France et la joie de recevoir cette reconnaissance de la part de jeunes lecteurs et lectrices. Fière. Émue. J’emporte ce moment pour m’en souvenir les jours où l’écriture n’avance pas, où les ventes ne sont pas réjouissantes et quand les médias ignorent mon travail malgré…
Aujourd’hui, j’écris installée à l’avant du fourgon entre Massifs de Belledonne et de la Chartreuse (oui c’est beau) juste à côté du péage de Pontcharra (oui c’est moins bucolique). J’ai retrouvé Xavier mon fourgoniste attitré pour qu’il répare le système d’ouverture de la porte latérale abimé après un tournant pris trop serré. La pièce nécessaire à la réparation se fait attendre, alors j’attends. J’écris, j’administre, je m’occupe. La piscine est accessible à pied, le cinéma aussi. J’essaie de ne pas trop déranger l’équipe au travail, dont deux jeunes femmes qui manient disqueuses, perceuses, scie circulaire avec une dextérité qui semble encore surprendre certains hommes – pas ici en tout cas. Ce midi j’ai préparé le repas qu’on a pris au soleil. On a parlé fourgons, voyages, aménagements et poivrons confits. J’observe la vie quotidienne de cette zone dédiée au travail artisanale avec un, fort appréciable, magasin de produits locaux. Tôt le matin j’ai été saluer le camarade écrivain Antoine Choplin qui habite, pas très loin, dans les hauteurs. Nous avons parlé du monde qui va et ne va pas. Trois années sans nous voir, nous a rendu bavards. Puis retour à l’atelier où la pièce est enfin arrivée, mais sa mise en place s’annonce galère. J’observe Xavier qui cherche à comprendre : ça doit marcher. Oui mais comment ? J’ai toujours été fascinée par l’intelligence des manuels. Leur obstination à vouloir percer le mystère d’une pièce, d’une mécanique. Leur patience même si, parfois, un gros mot vient ponctuer un ratage. Le regarder me permet aussi de mieux comprendre comment fonctionne Mon Chéri et où se logent les trappes, les câbles, les fusibles… Les dessous de l’affaire !
Il y a trois jours, j’étais à Notre – Dame du Mont au-dessus de La Côte Saint André avec une vue imprenable sur la vallée de la Bièvre. Les oiseaux, la montagne et le calme. J’aime naviguer entre cartes postales et zones artisanales. Dans quelques jours direction la Haute – Loire. Je me sens chanceuse de pouvoir apprécier chaque instant de vie sans courir vers le jour d’après, même les jours de galère. Je suis là où ma maison est posée.