Régis

Je le pensais taiseux, mais non il aime se raconter. Il se dit nomade, voyageur même s’il est installé depuis quelques années dans le Var. Il a quitté, jeune, l’Alsace natale pour partir sur la route, à pied et en stop. L’Italie, l’Espagne et le travail saisonnier pour subvenir à ses besoins. Ici dans le Sud il s’occupe de l’entretien de l’un de ces lieux que je nomme l’arrière-cour de nos vies. On y entasse des vieux véhicules dont des corbillards en bois, des roulottes, des caravanes, des objets en fer, en plâtre, en plastique et surtout des pneus et des pneus qui seront revendus à des particuliers.
On y met aussi à l’abri des animaux dont un chameau recueilli blessé aux genoux – il ne parvenait même plus à se redresser. Ici, il a été soigné et chouchouté. Régis est ravi de nous montrer l’animal droit sur ses pattes et se roulant voluptueusement dans la terre sèche du terrain. Chacha est content de le voir.
Il fait chaud sur ce lieu de récupération et respirer l’odeur âpre du caoutchouc n’a rien d’agréable. Régis attend l’automne avec impatience car chaque année il accompagne la transhumance des moutons dans le Haut-Var. Trois semaines à marcher au rythme des bêtes, à partager en soirée le repas des bergers et, depuis peu, des bergères. Vivre dehors.
Pour l’heure, c’est l’été, les touristes vont arriver, il faut stocker, compter, trier les pneus, heureusement, certains soirs il y a fête au village. Régis se douche, se change et va danser. Il aime ça danser, surtout le rock et il se débrouille plutôt bien.