Mon Chéri on the road – 10

Activité réduite à l’intérieur du fourgon même si je tiens debout, il est donc essentiel pour moi de profiter au maximum de l’extérieur quelle que soit la météo. Chaque matin, avant d’écrire, je fais ce que j’appelle ma gym. Une suite de mouvements qui viennent puiser dans mes expériences de yoga, Qi Gong, gym douce, méthode Mézières. Aucune contrainte de durée mais jamais moins de 20 minutes et ce, tous les jours. Se détendre, se muscler, soulager les tensions et amplifier ma respiration. Activité que je mène en extérieur même quand il fait froid. Depuis mon départ il y a quatre mois, je n’ai fait ma gym qu’une seule fois dans le fourgon. Un jour de pluie incessante au col de Béal. J’avais réussi à trouver une série de mouvements adaptés au moins de 6 m2 de mon véhicule. Pendant mes exercice je me concentre sur les zones ankylosées, tendues ou franchement douloureuses. Je regarde loin devant pour stimuler mon regard. De retour dans le fourgon, je me prépare un café. L’eau qui bout, réchauffe l’espace efficacement. Puis j’écris.
J’ai surélevé l’ordinateur avec une boite d’emballage pour qu’il soit un peu plus en face de moi (sinon la nuque ramasse méchamment). Après deux- trois heures d’écriture je pars marcher même s’il pleut. Comme les jours raccourcissent, je profite au maximum de la lumière pour revivifier mes muscles. Si je ne marche pas une à deux heures par jour, les nuits sont moins paisibles. Quand je marche, j’écris dans ma tête. Petite, marchant le long de la Moselle, j’appelais ça me raconter des histoires. Je rêvais d’écrire des chansons. Adolescente quand je passais mes nuits dans le buffet de la gare de Metz au lieu de dormir dans le dortoir du lycée, je racontais avec un certain brio que j’étais la plume de Bernard Lavilliers (j’avais eu la possibilité d’échanger quelques mots avec lui dans sa loge). Lui aussi se racontait des histoires sur son appartenance à la Fensch vallée et le monde ouvrier. Quand je marche, je passe en revue chaque chantier en cours. En ce moment je revisite toutes les chroniques de la caboulotte que La Fosse aux ours va publier au printemps. Exercice difficile de rassembler des chroniques dans un recueil. Je dois retravailler ces textes sans perdre l’aspect l’adresse directe . L’exercice est loin d’être simple. Ne pas tout réécrire. J’ai également en cours un recueil de fragments : Pauvre. Écrire sur la pauvreté sans être mièvre ou méprisante. Le troisième écrit est une pièce de théâtre Battements de pieds en eaux profondes pour que Laurent Brethome va mettre en scène. Bref ça bosse dans le fourgon. Sans l’écriture, ma vie nomade manquerait de sens. Parfois je vais écrire dans un bar ou une médiathèque, pour changer. Ne pas trop m’enfermer dans le cocon du fourgon. Ne pas me couper du monde. Et j’aime le dehors. J’aime rencontrer des gens et dans ce sens, je vais garder trace de certaines rencontres dans une rubrique Portraits de gens dont mon nouveau site (accessible dans une semaine) se fera l’écho. Oui ça bosse dans le fourgon.