Mon Chéri on the parking -28

Ma résidence d’écriture à Scy-Chazelles prend fin – un peu le blues … sous la neige. Deux mois à dormir en gîte et à profiter du confort d’une maison et redécouvrir ma formidable capacité à m’étaler de partout. Toutes les tables recouvertes par les carnets, les livres, l’ordinateur, l’appareil photo, les feutres, les crayons, la boite à aquarelles, les pinceaux, les chargeurs, le galet en lapis-lazuli, les ramettes de papier, les dossiers,  le disque dur, les revues, la mascotte vintage, les journaux papiers et des bouquins et des bouquins et des bouquins. J’ai même demandé une table supplémentaire.
Jeudi soir, je donnerai avec mon amie comédienne Anne de Boissy une lecture dite de clôture, à la libraire Autour du monde de Metz. Et il faudra tout rapatrier dans le fourgon qui aura peu servi ses deux derniers mois. Quelques trajets obligés et un seul week-end vers le lac de Madine et chaque fois que je prends le volant, je lui parle comme à un ami délaissé.
La résidence prend fin et beaucoup d’interrogations quant à la suite de ma vie nomade. J’aime l’inattendu et il y en a eu beaucoup ces derniers mois. Je reviendrais sur tout cela dans une prochaine chronique. Pour l’instant il neige sur mon fourgon, il neige sur la Moselle et dans d’autres pays se sont des grenades et des bombes qui tombent. C’est osé comme parallèle, voire indécent mais mon cerveau fonctionne ainsi. Il s’étale de partout.
Et tellement troublée que face à l’horreur des massacres, on veuille de moi une position univoque : tenir pour l’un ou pour l’autre camp quand souvent j’ai eu envie de dire : Mais merde, c’est une guerre pas un match de foot !
Face à toute cette violence, la seule phrase qui me fait du bien est celle prononcée par le peintre Ricardo Cavallo dans le documentaire qui lui est consacré : Souviens-toi de vivre ! Et cherchant à savoir si cette phrase était de lui, je découvre que c’est aussi le titre d’un poème du poète ukrainien Ivan Franko, un démocrate révolutionnaire mort en 1916 : Memori vivere.
La poésie ne sauvera pas le monde mais parfois, elle nous lave des pensées trop sombres. Et malgré, malgré, malgré … je peux dire que je viens bien et Mon Chéri aussi.