Marion

Je rentre dans le jardin où elle œuvre sécateur à la main. Son sourire franc est un généreux accueil. Le bonnet de laine la quitte rarement, du moins quand je la croise. A ses pieds une paire de bottes en caoutchouc qu’elle a découpées à ras de la cheville pour faciliter le déchaussage. Des bottes achetées pas chers à Emmaüs car elle a l’art de la débrouille. Son sourire est le paravent pudique d’une vie où elle a dû se battre, s’adapter sans perdre sa liberté d’agir. Sa liberté d’être. De multiples boulots jalonnent sa vie, de l’étal des marchés aux jardins des particuliers. Depuis peu un nouveau job qui rend son sourire encore plus lumineux. Elle est employée par une toute récente entreprise locale de collectage de déchets pour un compostage collectif. Travailler avec des gens qu’elle apprécie, est une nécessité pour elle. Un nouveau défi après celui de monter à plusieurs un lieu d’habitats légers sur la commune de Trignac. Le soutien de la municipalité lui permettra bientôt d’habiter de manière plus solidaire, écologique et créative et je sais que mon fourgon sera le bienvenu.
Nous aimons bavarder ensemble, elle a connu aussi la vie nomade : la liberté et le difficile de la vie en fourgon.
Mais il est l’heure pour chacune de retourner à notre travail et la conversation se finit sur ses mots à elle dont j’aime à me souvenir : Mon petit garçon aime beaucoup les fleurs, c’est rassurant.