Josse

De son vrai prénom, Joseph. Son van garé à côté du mien alors on finit par discuter ensemble. Il se dit un cul salé. Un Breton, quoi. On parle fourgon, aménagements, système de chauffage, obturation des vitres … on parle de nos maisons, quoi.
Six années qu’il vit ainsi, heureux même si parfois des soucis : un retrait de permis de six mois, la pension qui ne suffit pas toujours. Je me débrouille. Il a fait la manche au gazole. Tendre son jerrycan à ceux et celles qui se servent au station service et acceptent de partager. Mais l’augmentation du prix est telle, que les gens rechignent maintenant. Il se déplace en fonction de ce qu’il a dans le réservoir, avec une préférence pour l’Ardèche, les Pyrénées, le sud du pays. En lui des rêves d’Andalousie.
Dans une autre vie, il a eu une compagne et exercé le métier de cuisinier. Puis le ras bol de la routine. Quelques conneries. Trop d’alcool aussi.
Maintenant c’est fini. Une bière de temps à autre et il se tient à distance des fauteurs d’ennuis. De toute façon, je suis un solitaire. Un solitaire qui aime les gens.
Il me montre les paillettes d’or qu’il a trouvées et rangées dans un petite boite transparente : J’ai eu envie de devenir chercheur en regardant un documentaire. Au début, j’étais nul alors j’ai suivi un stage. J’adore chercher.
Il me complimente sur mon fourgon puis on se quitte, peut-être qu’on se retrouvera quelque part ailleurs. Peut-être.