A son arrivée à l’atelier d’écriture, j’ai pensé en tout premier lieu : quelle énergie ! Le pas vif, le sourire grand et un tabouret calé sous le bras. Une table adaptée à sa petite taille a suivi, portée par un participant. Forcément, il faut avoir le sens de la débrouille quand on habite dans un monde de géants. Elle a appris aussi à devancer les étonnements, les questions voire la gêne liée à son mètre seize.
Après avoir travaillé avec des jeunes enfants dont on imagine le plaisir d’avoir enfin un adulte à leur hauteur, elle s’est fait conteuse avec un compère qui frôle le mètre quatre vingt-dix. Sa diction parfaite est un atout et révèle aussi les origines. Elle a grandi dans une famille catholique de huit enfants où l’on se vouvoie entre frères et sœurs. Le père était amiral.
Chez elle, dans la campagne du Haut Anjou, nous avons partagé café et anecdotes, conscientes de nos différences d’origines et d’appartenances politiques. La lecture à voix haute comme territoire commun.
Dans sa maison tout a été pensé et construit à sa taille pour autant une chambre et une salle de bain ont été prévues pour ses grands ami.es.
Dans un livre La Douce ardente, à travers le personnage de Lucie, elle évoque ce qui parfois ne peut se dire de manière trop directe. D’ailleurs elle ne s’attarde jamais longtemps du côté de l’intime car Guillemette de Pimodan est, avant tout, une femme qui agit.